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SAEIO

FRACPACA

Phases

Pour SAEIO, le graffiti est à la fois une réalité formelle et un engagement dans le monde qui désigne une liberté d’action. Déjouer les codes du graffiti pour en effacer les limites, qui est aussi entrevoir la possibilité d’une nouvelle approche de la peinture.

Ici le graffiti se traduit tel une peinture transitoire en acte, où le peintre agit sur et avec la réalité ordinaire de la ville. Usant de l’écriture, du corps, du temps et de l’espace in situ, il convoque une variété de pratiques (chorégraphie, marche, ethnographie, mode, …). Son processus, s’il est concerté, contient néanmoins une part non maîtrisable due, notamment, à son statut illégal, laissant place au hasard qui engendre de nombreux événements et interactions intégrés à la peinture. Son public, c’est la mul- titude qui peut prendre le statut tant de regardeurs que d’activateurs.

Le titre de l’exposition, PHASES, s’il fait référence à l’idée d’un ensemble d’actions, d’une évolution, prend aussi en compte ce passage par l’expo- sition et l’impossibilité, pour le graffiti, de s’exposer tel quel.
La production de documents (photographies, vidéos, sons …) inhérente à cette pratique pour garder la trace, voire la preuve d’une action semble être ici le support idéal pour médiatiser les performances de SAEIO. Via un ensemble de documents bruts, détournés, montés, édités ou encore reconstitués, montrés en toute légalité, le graffiti sorti de la réalité de la ville prend un autre statut. Et, sans doute, est-ce dans l’ici & maintenant que doit se poser la question de son devenir art ?

Laura Morsch-Kihn, commissaire de l’exposition
http://www.fracpaca.org/dans-les-murs-expositions-a-venir_saeio-phases
https://lenouvelespritduvandalisme.com/

For SAEIO, graffiti is both a formal reality and a commitment in the world that expresses a liberty of actions. Undoing the codes of graffiti to erase its limits, which allows to get a glimpse at the possibility of a new approach to painting.

Here graffiti translates the transitional painting into an act where the painter acts on and with the ordinary reality of the city. Using writing, the body, time and space in city, it invokes a variety of practices (choreography, walking, ethnography, fashion…). Its process when picked apart, contains however a non manageable entity, due more importantly its illegal status which allows for the unexpected to take place and all the events surrounding the act then take part of the painting. Its audience is the mass that can take the stance of watcher but also activator.

The title of the exhibition, PHASES, even though referencing the idea of an ensemble of actions, an evolution, also takes into account this passage by the exhibition and the impossibility for graffiti to be exhibited “as is”.
The production of documents (photography, video, sound …) inherent in keeping a trace of this practice, or even sometimes evidence, seems to be the ideal way of conveying through media SAEIO’s performances. Via an ensemble of documents that are, raw, hijacked, edited or even put back together, shown in full legality, graffiti, here, leaves the reality of the city and takes on a new status. And, without a doubt, is it in the here and now that the question of his becoming art arises?

Laura Morsch-Kihn, Exhibition commissioner.

Hall du 3e Plateau

Zoom
«La bougie du dauphin ajourée, toile de catamaran rouge et croissants», Paris, 2016
Acrylique et aérosol sur toile, recto-verso, 230 x 200 cm

Zoom est un processus de peinture sur toile réalisé d’après des photo- graphies de détails de peintures de SAEIO produites dans la ville. La photographie permet à SAEIO de créer un cadre à sa peinture qui dans le contexte de la ville n’en a pas. Le zoom comme moyen de rentrer dans l’image génére, ici, une forme d’abstraction. De là en découle la peinture comme détail et la toile comme objet ou encore comme document qui peut-être ici manipulé.

Zoom
«La bougie du dauphin ajourée, toile de catamaran rouge et croissants», Paris, 2016
Acrylic and aerosol on canvas, recto-verso, 230 x 200 cm

Zoom is a painting process realized from pictures of details in SAEIO physical urban paintings. Photography allows SAEIO to create a frame to his paintings that lacks when shown in the city. The zoom as a mean of entering the generate image and here as a form of abstraction. From there ensues painting as detail and the canvas as object or even as a document which here can be manipulated.

Hall du 3e Plateau

Peinture racontée_1 : «La bougie du dauphin ajourée, toile de catamaran rouge et croissants», Paris, 2016
Vidéo, son, 4’32’’ ( Images Alexandre Ferreira )
Peinture racontée_2, 2016 : «Wizzard», Paris, 2016
Vidéo, son, 3’07’’ ( Images SAEIO & Alexandre Ferreira )
Peinture racontée met en récit deux, sous deux points de vue, deux peintures réalisées par SAEIO sur les toits de Paris. La première est ici une description des différentes actions nécessaires à la peinture qui se mêle
à une analyse sur l’esthétique et sur le poids des gestes engendrées par ce processus. Le second récit pénètre le quotidien d’une personne pour décrire des sensations générées par la peinture qui se réalise, à son issu, à l’extérieur de son appartement.
Ici la dimension poétique donnée au texte et à l’image ouvre à l’imagi- naire et fait déborder la peinture de sa réalité environnante.

Narrated painting_1 : «La bougie du dauphin ajourée, toile de catamaran rouge et croissants», Paris, 2016
Video, sound, 4’32’’ ( Images by Alexandre Ferreira )
Narrated painting_2, 2016 : «Wizzard», Paris, 2016
Video, sound, 3’07’’ ( Images by SAEIO & Alexandre Ferreira )
Narrated painting puts in the form of a tale, under two different point of views, two of SAEIO’s paintings on the Parisian roofs. Here, the first one is a description of the different actions leading up to the painting which then mixes with an analysis of the esthetic and the weight of the movements generated by the painting process. The second tale dives into the daily life of a person who describes the sensation generated by this painting, realized unwittingly on the exterior of their apartment.
Here the poetic dimension given to the text and image opens the imaginary and allows the painting to overflow into the surrounding reality.

Mur de gauche DYA_2, 2016

Projection, photographies et vidéos, son, 12’10’’

Renvoyant à l’idée d’un photo-journal, d’un journal de travail, d’un carnet de voyage ainsi qu’au jour et à son quotidien, DYA est composé d’une centaine de peintures, réalisées entre 2012 et 2016 dans 6 villes diffé- rentes.
Le mouvement créé par la technique du diaporama, de la vidéo ou en- core par les mouvements cinétiques des trains et des stores, nous renvoie à la peinture de SAEIO, qui à l’image de la ville, est vivante, active, mou-vante et mutante.

Left wall

DYA_2, 2016
Projection, photos and videos, sound, 12’10’’

Referring to the idea of a photo diary, a work log, a travel diary as well as the everyday, DYA is composed of about one hundred paintings, realized between 2012 and 2016 in 6 different cities.
The movement created by the technique of the slideshow, of the video or of the kinetic movement of the trains and shutters, send us back to SAEIO’s work which, like the city, is alive, moving and evolving.

Mur de droite Signature, 2016
Projection vidéo, couleur, son, 4’23’’
Signature est un acte d’écriture hors norme qui engage la totalité du corps dans son rapport aux lettres, à l’espace de la ville et à l’outil (pein- ture en spray). Mise en scène, la signature, révèle la fluidité et l’agilité
du trait et du corps, qui se confondent et forment une chorégraphie. La perception du corps et de la signature, intimement lié au son du gongue qui rythme les gestes et aux interludes, sous forme de nuage et de soleil, participe à une sorte de cosmogonie loin de l’acte illégal qui est en train de se jouer .
La force performative de l’acte de signer n’est plus ici sa dimension au- to-réferentielle mais son pouvoir de transformer la signature en peinture et la peinture en chorégraphie.

Wall on the right, Signature, 2016
Video projection, color, sound, 4’23’’
Signature is an extraordinary writing act which engages the entirety of the humzn body in its relationship to letters, city space and the tool (spray paint).
Staged, the signature reveals the fluidity and agility of the trace and the body, which unite together and create a choreography. The perception of the body and the signature, intimately linked to the sound of the gong which rhythms the gesture; the interludes, under the form of clouds and sunshine participates to a sort of cosmogony far detached from the illegal act that is taking place.
The performative power of the act of signing isn’t here in its original self-referential dimension, but in the power of transforming the signature into a painting and the painting into a choreography.

Vitrine près des rayonnages
DO UT DES, 2014-2016
Documentaire d’investigation, vidéo, couleur, son, 19’08’’ /
Sérigraphie noir & blanc d’après photographie judiciaire, 70 x 100 cm / SAEIO : archive raisonnée 2012-2014, photocopies noir & blanc A4 sous enveloppe kraft avec cachet cire /
Invitation au procès, A5 sur papier Velin et enveloppe cachetée à la cire / Pièces à conviction : pantalon jeans, basket et veste /
En 2014, SAEIO est arrêté par la brigade anti-tags de Paris pour « dégra- dations volontaires de bien d’utilité publique, pénétration et circulation sur voie ferrée ».
Une procédure judiciaire est ouverte à son encontre ayant pour effet la production de preuves immatérielles (auditions, écoutes, filatures) et matérielles (documents : rapports de police, photographies, notes sur les appels téléphoniques surveillés …) retraçant le parcours présumé vandale de SAEIO de 2012 à 2014.
Suit un premier et un deuxième jugement où une vingtaine de « faits de dégradations vandales » lui sont reprochés et une peine de 50 000 euros est prononcée. A suivre …
En réponse, naît un contre-don « artistique » orchestré par l’artiste : un retournement multi-média mettant en scène SAEIO tel « le point de choc des interactions paradoxales provoquées par la rencontre justice/graffiti » et de leurs devenir art. Les documents judiciaires deviennent une archive raisonnée et des œuvres grands formats dont le prix de vente est fixé en fonction du coût de nettoyage. L’arrestation devient le sujet d’un docu- mentaire d’investigation. Le procès se transforme en performance. Les agents de la brigade prennent le rôle d’artiste et d’éditeur. L’acquéreur d’oeuvres se retrouve engagé dans un modèle économique participatif nécessaire au financement de l’amende.
Le projet DO UT DES (traduit du latin : je donne pour que tu donnes) apporte une lecture distincte des faits d’origine en mélangeant le regard supposé objectif et distant de la police et celui de SAEIO qui artisise ce travail d’enquête et de procès. Cette symbiose crée alors une interaction inédite questionnant le statut paradoxal du graffiti aux yeux de l’art, de la loi et de la société.

Display next to the bookshelves
DO UT DES, 2014-2016
Investigation documentary, video, color, sound, 19’08’’
Black and white screen-print from police evidence photography 70 x 100 cm
SAEIO: archives of works done between 2012 and 2014, black and white Xerox, A5 format on Velin paper and wax sealed envelope
Evidence material: Jeans, sneakers and jacket
In 2014, SAEIO got arrested by Paris’ anti-tagger brigade for « voluntary vandalism on material of public use, entering and circulating on railroad tracks”.
A legal procedure was initiated against him, based on immaterial (wire-tapping, hearings, tailing) and material (documents such as police reports, pictures, transcripts of his phone calles …) evidence retracing SAEIO’s presumed history from 2012 to 2014.

Followed up by an immediate hearing where he was reproached with about a hundred “acts of vandalism” and a fine of over 40 000€ is delivered. To be continued…

In counterpart, as a response to this material gift from the police, is born an “artistic” counter-gift by the artist: a multimedia reversal where SAEIO is staged as “the epicenter of the paradoxical interactions provoked when graffiti and the legal system meet” and how it has become art in itself. The legal documents become an annotated catalogue and produce large format works whose price is established by declared cleanup cost, the trial becomes a narrative. The investigators take on the role of artists and editor and the buyers of the artwork now become an inherent part of the participative economic model created to finance the fine.
The DO UT DES project (translated from latin to: I give so you can give) brings a distinct interpretation of the original events by mixing the supposedly distant and objective view of the police to SAEIO’s who articizes this process of investigations and trial. This symbiosis then creates an unprecedented interaction questioning the paradoxal status of graffiti in relations to art, the law and society.

Côté fenêtre
SAEIO & Rizote, Nolens Volens, 2014
Vidéo, couleur, son, 8’20’’ (Image Skub, son Moper)
« Nolens Volens qui signifie en latin « vouloir, ne pas vouloir » met en scène les effaceurs (agents municipaux chargés d’effacer les graffitis). Ici, le graffeur représente 50% de la démarche. En venant appliquer son graff sur un support urbain, il le donne à la ville sachant que l’objectif est la mutation de ce don par l’effacement et que sa finalité est sa disparition partiel ou totale. Voilà la mécanique du Nolens Volens (…) Pour l’effaceur, une possibilité de jeu d’effacement infinie s’offre à lui. Le tagueur, lui, vient conditionner à son insu l’effaceur en tant qu’artiste. Le même tag posé cinq fois, sera effacé de cinq manières différentes. Ici s’ouvre un segment lié à l’inconscient où peut se produire l’art. Nolens Volens est un mani- feste qui consiste à dire que l’effacement, total ou partiel, devient une œuvre d’art à part entière ». SAEIO, 2014

By the window
SAEIO & Rizote, Nolens Volens, 2014
Video, color, sound, 8’20’’ (filmed by Skub and Moper)
Nolens Volens, which means “to want, not to want” in Latin, is a video depiucting two buffers (city organized graffiti clean up crew). Here the tagger represents 50% of the process. By coming and putting his tag up on urban surfaces, giving it to the city intending it to evolve through its erasure and that the end of the process is its partial or full disappearance.
Such is the mechanism of Nolens Volens (…) For the eraser, an endless possibility of removal is possible. The tagger is then putting the role of the artist onto the buffer (eraser). The same tag apposed 5 times will be erased differently each time; that is where the subconscious art of removal comes into play. Nolens Volens is a way of saying that the final erasure, total or partial is a work of art in itself.”
SAEIO, 2014