Devant vous ce que vous savez tangible : le monde, chacun le voyant différent mais chacun y faisant ce qu’il peut d’efforts pour ne pas s’y perdre à l’autre. France, Paris comme décor de l’instant. Le notre est situé dans un interstice encore libre de certains péages, 18^ème arrondissement, la Goutte d’or précisément. SAEIO acteur auto proclamé s’y est tant manifesté qu’il en a pris, en plus du premier rôle, la réalisation à charge. A force de pratique et du discours qui en découle le titre apparu, limpide : Nolens Volens.

Ce qui ressort de son travail vous pouvez l’entendre, vouloir l’entendre où y être sourd. Il est à l’évidence avant tout fait pour être vu. Ce sens dictatorial que nous voulons parfois croire doux comme l’on aime son bourreau.

Peindre dans la rue SAEIO ne le fait pas depuis aussi longtemps que sa carrière de taggueur le dit. En tout cas il le fait assurément depuis que son désir s’est mué en volonté.

Si l’interdit définit la vie sociale, la transgression est le moyen de son évolution. De là découle un rapport frontal, quand bien même ce rapport ne fut pas réfléchi au préalable, quand bien même on répond à une impulsion infantile seule, voire à chasser l’ennui. Lorsque conscience se produit, l’instinct devient esprit, sa volonté d’autonomie au monde marquera le chemin emprunté par l’individu. Le rang ou la marge. L’animalité ou la civilisation, du moins la contestation de cette civilisation encore plus inhumaine qu’elle est de la main de l’homme. Perdant peu à peu son rapport chamanique à la Nature, en cela quoi de plus emblématique que l’espace urbain et finalement quoi de plus organique que ces tags et ces graffitis.

Cela Saeio le pousse encore plus loin, dans un style que l’on pourrait croire inabouti il y a cette conscience que les choses n’ont pas de fin, qu’elles sont mouvantes et bien vivantes. Le spontanéisme poussé dans ses retranchements. On y trouve une renaissance sans commune mesure de la peinture car derrière ce trait faussement régressif, naïf seul l’esthète percevra la technique et le geste mille fois reproduit pour toucher à une telle simplicité qui n’est qu’illusion.

Dans ce cadre d’expression qu’est la rue, l’oeuvre est soumise à trois incidents majeurs qui altèrent sa forme première. L’érosion naturelle à laquelle on rattache l’érosion de la ville, tant celle-ci fait à nos yeux office de nature. On n’y a pas tort d’ailleurs. Viens celle de notre mère de substitution, nommons là communément société. Assurant ce que nous acceptons comme étant le bien être du plus grand nombre. Sa main peut intervenir où bon lui semble, elle incarne la justice, la légitimité, l’ordre des hommes. Les derniers se veulent affranchis de celle-ci. Ils le sont parfois. La ville leur est une savane, son espace la porte ouverte sur l’animalité. Les taggueurs pratiquent le toy comme une déclaration de guerre.

Se battre contre tous ces vents en Don quichotte du monde, en accepter la beauté, c’est avant tout un combat contre la frustration tant éprouvée. Accepter d’être pénétré, parfois le souhaiter, être à cet endroit nourri de craintes et de fantasmes, se trouver dans l’espace du hasard et ne plus s’en échapper. Finalement il n’y a volonté que celle de désirer et d’être désiré, y mourir, y renaître, simple volonté d’éternité. La disparition est l’avenir de tout et de tous. Nul possibilité de l’éviter, autant se l’accaparer, en attendant mieux vaut donner : Nolens Volens, quatrième incidents, révélant à l’art le vécu, en devenant complice.

Si d’aventure vous traversez cet espace géographique, que vos pensées n’absorbent pas votre regard, si, mieux encore, vous y prêtez attention, vous vous en croirez public, alors qu’à dire vrai vous êtes ici acteurs.

Musée à ciel ouvert où l’art se dévoile chaque instant différent, où l’effacement se fait mort symbolique et symbole du vivant, douce tragédie de la vie.

In front of you, what you know as tangible: the world, seen differently by everyone but everyone doing what they can to lose against the other. France, Paris as a backdrop for now. Ours is situated in a slice still spared by tolls, 18th arrondissement, Precisely La Goutte d’Or. SAEIO, self-declared actor has manifested himself so much that is now in charge, apart from the lead role, its realization. After so much practice and from the discourse that ensues, the title appeared, limpid: Nolens Volens.

One can hear what stands apart from his work, to want to listen or to deafen it. Its primary purpose is evidently to be seen. This dictatorial sense that we want to analyze as soft, similar to liking your executioner.

Painting in the streets, Saeio hasn’t been doing it for as long as his tagging career says. Regardless he does it with assurance since his desire has evolved into will.

If the forbidden defines social life, transgression is the means to its evolution. From there ensues a frontal rapport, even though this rapport was not thought of beforehand, even when it is in response only to a childish impulse, to kill boredom. When conscience is produced, instinct becomes spirit, its will of autonomy in the world will mark the path taken by the individual. The rank or the margin. Animality or civilization, at least the contestation of this civilization even more inhumane that it is forged by the hand of humanity. Losing bit by bit its shamanic rapport to nature, after what could be more emblematic than the urban space and what could be more organic than tags and graffiti.

This, Saeio pushes even further, in a style that could be believed as unfinished there is this conscience that things have no end, that they are moving and definitely alive. Spontaneity pushed back in its trenches. One can find in this an incomparable renaissance of painting, because behind this falsely regressive stroke, only the esthete will perceive the technique et the gesture, a thousand times repeated to create an illusion of simplicity.

In the realm of expression that is the street, one’s work is submitted to three major forces that can alter its initial form. Natural erosion to which the city’s erosion can be attached since it has taken the place of nature in our eyes; and we might not be wrong about that. Then comes the one from our adoptive mother, which we commonly call, Society. Insuring what we have accepted as our common well being, her hand can intervene where she wishes, she embodies justice, legitimacy, human order. An order that we try to distance ourselves from, and that only some are able to successfully dissociate themselves. The city is their savanna, its space an open door for animality. Taggers use the toying technique as a declaration of war.

To fight against all these winds as the Don Quichotte of the world, to accept its beauty, is above all else a combat against the frustration we have endured. Accepting to be penetrated, sometimes even wishfully, being nourished by fantasy and fear in this place, finding yourself in random’s realm and not being able to escape. After all the only will is to desire and to be desired, to die and rebirth, a simple yearning of eternity. Disappearance is the future of all and everything. Impossible to avoid, we might as well make it our own, until then we will keep giving: Nolens Volens, the fourth force, revealing to art its past, by becoming an accomplice in its making.

If by chance you encounter this geographical space, do not let your thought overpower your gaze, and, if lucky, you will start to think of yourself as audience when your actually an actor.
Open-sky museum where art unveils itself at each instant, where erasing becomes a symbolical death but also the proof of life, sweet tragedy of life.